La presse vous parle du spectacle vivant Branca
- Fest’arts à Libourne : ces spectacles pour retomber en enfance
- Festival Châlon dans la rue, sélection off : L’homme qui murmure à l’oreille des branches
- Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne : Branca un spectacle Nature
L’Homme et la Branche… L’Homme est une Branche… L’Homme-Branche
Par Carine Anselme, Auteure et Danse-Thérapeute
Éveil et merveille. Dans cet élan du vivant qui le dépasse, sous nos yeux, l’Homme naît au monde. Le voilà qui sort de la glaise de l’univers pour prendre corps. Pour prendre vie ! Il s’anime. S’étonne. Tâtonne. Comme s’il eût été le premier à exister, il goûte innocemment à cette Terre qui, toujours, le portera. Dans le chaos de l’inconnu et la magie des débuts, il ignore encore tout de la trame accidentelle des trajectoires de son histoire, les rencontres qui formeront des constellations dans son ciel personnel – étoiles parfois filantes, nébuleuses persistantes et autres trous noirs qui feront le vide sur leur passage.
Il est un. Il est seul. Un cri l’arrache à l’infini de la nuit. Au néant.
Si loin, si proche, elle est là… Branca. La Branche.
L’Homme, d’abord, ne la voit pas. Pas encore. Quand elle apparaît à son regard, la rencontre est inévitable. Leur pôles, magnétiques. Il la voit. Il la veut. Ou est-ce le contraire ? Ils se jaugent, ils se jugent. Dans un corps-accord, aimants, amants, ils s’apprivoisent. Ils parlent une langue universelle. Celle de l’écorce des peaux, qui se passe de mots. Leur dialogue devient danse. Frisson d’un abrazo, étrange vertige d’un tango. L’homme et la branche se confondent. Ils se prolongent… Deviennent arbre. Funambules célestes sur le fil de la vie, ils défient la gravité. Âmes-sœurs en apesanteur. Brindilles de bonheur.
Mais la gravité finit par les rattraper – toujours elle gagne et se joue de la légèreté. Nœuds, tensions, distorsions, leur mélodie se mue en cacophonie. Le charme se rompt, le lien se brise. Traversée du désert, temps de jachère. Une parenthèse solitaire pour ré-apprivoiser le son intime du Soi. Alors, renaître à l’Autre, dépouillé des oripeaux de l’illusion.
L’homme est tel une branche. Il lui arrive d’être souple comme un rameau de peuplier, mais dans l’adversité il peut avoir la rigidité du bois de chêne ! Ses combats extérieurs sont le reflet de ses luttes intérieures. Souvent, il devient son propre bâton – celui avec lequel il se fait battre.
Au fil du temps, apaisé, réconcilié avec cette nature dont il est le fruit, il se fond. L’Homme-Branche est alors prêt à d’autres rencontres, fécondes. Il prend son bâton de pèlerin et avance fièrement sur son chemin.
Mais cette branche, elle, qu’incarne-t-elle ?
Serait-ce cette part manquante qui nous met en mouvement et nourrit nos quêtes, nos fantasmes, cette moitié qui nous fait vibrer et espérer ? Ou alors l’incarnation de nos désirs les plus secrets ? Voire les ombres qui nous habitent, nous confrontent et, à force, font ressortir notre lumière ?
Peut-être cette branche est-elle aussi ce partenaire qui, d’un coup, peut se muer en adversaire, ou bien l’ami imaginaire de notre enfance ?
Plus largement, serait-elle le symbole tortueux de notre rapport complexe au monde, la métaphore du lien et tout ce qui nous fait grandir ?
Et si cette branche plantait le décor du scénario de l’humanité ? Le combat avec le temps qui passe, le début et la fin de notre destin d’humain. La mort. La vie. Tout ce qui nous lie et nous échappe…